Sous les serpents du ciel
CERF-VOLANT2, subst. masc. JEUX (d'enfants). Objet constitué par du papier ou de l'étoffe, tendu sur une armature légère de bois et une queue servant de contrepoids, que l'on fait voler dans les airs au gré du vent, en le maintenant relié au sol par une attache. Étymol. obsc. H. Polge ds Romania t. 93, 1972, pp. 563-567 suppose un étymon du type *serpe volante « serpent volant » (serps = serpens [serpent*] est attesté en lat. chrét. ds BLAISE) croisé par attraction paron. avec cerf-volant1. Cette appellation serpent-volant ferait allusion aux textes et légendes mentionnant des serpents ailés et des dragons volants (déjà dans la Bible, Isaïe 30, 6, et encore en France au XVIIIe s.) et aurait été appliquée p. métaph. au cerf-volant artificiel. À l'appui de cette hyp. les noms du cerf-volant en différentes lang., où ils font penser à qqc. qui vole, à un oiseau, à un serpent ou à un dragon (v. H. Polge, op. cit., p. 565).
Le Trésor de la langue française.
Dans l'entre-deux-tours, ici, à Rennes, on corrige des épreuves, histoire de se détendre. C'est prévu pour le mois d'août : la publication, chez Rivages, de mon prochain roman, qui s'intitulera Sous les serpents du ciel. Nous en sommes pour l'instant à l'étape des épreuves non-corrigées, qu'il faudra rendre en milieu de semaine prochaine avant de valider un nouveau jeu d'épreuves, et le paquet partira dans la foulée chez l'imprimeur. Si vous voulez votre exemplaire dédicacé, merci de me le faire savoir en MP avant la fin mai (il y aura des dessins pour les premiers). Si vous êtes libraire, il paraît que Rivages organise une rencontre suivie d'un petit "cocktail dînatoire" pour célébrer l'heureux événement, le 22 juin prochain à la Maison de la Poésie. Nous serons sur scène avec Miguel Bonnefoy (qui publie Sucre noir, son deuxième roman), Karl Geary (qui publie Véra, roman traduit de l'anglais) et Sophie Quetteville, qui sera là pour nous cuisiner. Sinon, il vous faudra attendre la mi-août pour vous précipiter dans la librairie la plus proche. Comme j'ai déjà passé la semaine dernière à défendre mon nouveau titre devant tous les représentants de France et de Navarre, je ne vais pas vous saouler dans cette atmosphère générale de "votez pour MOI". Sachez seulement que c'est un roman d'anticipation polyphonique qui nous parle d'un futur proche, très proche, comme l'indique l'exergue emprunté à Leonard Cohen. Quelque part entre utopie, dystopie, apocalypse et prophétie (mais non, je n'ai pas réécrit la Bible, ni le Coran d'ailleurs). Il y aura quand même des dessins pour agrémenter le tout, et même des histoires de cerfs-volants qui défient des drones (oui, oui). Voici pour la 4e de couv :
"Une matinée d’automne, au milieu du XXIe siècle, dans une vieille ville anonyme, quelque part entre la mer et le désert. Les premiers pans du grand barrage qui coupe en deux les Îles du Levant se fissurent. Pendant la chute du mur, quatre hommes prennent la parole à tour de rôle et imaginent le futur.
Mais leur passé les rattrape car tous se souviennent de la mort de Walid, un adolescent qui, vingt ans auparavant, faisait voler son cerf-volant au-dessus de la frontière lorsqu’il fut pulvérisé par un drone ou une roquette, dans des conditions mal élucidées. Qui était-il réellement? Qui l’a tué ? Pourquoi est-il mort ?
Chacun, selon son point de vue, raconte l’histoire de ce jeune révolté. Mais la voix de Walid se mêle peu à peu à celle des quatre narrateurs, pour dire le vrai sens de sa révolte. Des choeurs de femmes l’accompagnent dans cette quête, chantant la tristesse et la beauté d’une terre écartelée, où les hommes n’ont jamais fait que promettre la guerre et profaner la paix.
Dans ce roman d’anticipation aux accents d’épopée contemporaine, Emmanuel Ruben explore de nouveau la frontière de l’Occident et malmène la géographie réelle pour nous proposer une vision renouvelée d'une Histoire qui n'en finit pas de renaître."
Et un petit extrait pour la route :
"Nous cognerons trois nuits d’affilée contre le mur. Nous emploierons toutes nos forces à faire craquer les charnières du futur. Nous cognerons à la mémoire de notre cousin Walid, qui n’a plus de poings, de bras ni de jambes, et qui n’étoile plus le bleu du ciel. La première nuit, nous cognerons à notre manière, c’est-à-dire à mains nues, dans la fureur et l’allégresse. S’il fait trop chaud, nous jetterons à terre nos combinaisons métallisées, nous garderons nos cagoules antidrones, nous enduirons nos membres de cette huile magique qui nous rend indétectables et nous nous élancerons torses nus dans la lueur des lampadaires. Nous boxerons le béton armé, nous le piétinerons, nous le rouerons de coups sous nos semelles de caoutchouc, qui finiront par laisser au centième rebond des traces de pas verticales, nos empreintes d’hommes-araignées. Nos paumes se recouvriront de cals, nos ongles se casseront, bleuiront, saigneront, nos phalanges deviendront grises et dures comme de la roche, les jointures de nos os craqueront, nos poignets se vrilleront, nos coudes et nos épaules s’écorcheront, il nous faudra sans cesse rajuster les bandes Velpeau qui servent à protéger nos chevilles mais nous finirons par le franchir, ce putain de barrage !
Le plus dur sera de varier nos parcours, de ne jamais frapper au même endroit. Il nous faudra changer chaque nuit d’heure et de planque, comme un surfeur change de spot au gré des courants, des vents et des marées. Lorsqu’un capteur infrarouge nous repérera, lorsqu’un drone-sauterelle se lancera à notre poursuite, nous prendrons la fuite en tic-tac, nous sauterons de balcon en balcon et de terrasse en terrasse, nous sèmerons l’ennemi sans visage dans le dédale obscur et poussiéreux des ruelles. Ils auront beau nous pourchasser, cribler le ciel de grenades assourdissantes et de bombes lacrymos, lancer à nos trousses leurs clébards hybrides et leurs criquets tueurs, nous parviendrons toujours à leur échapper !", p. 33-34.