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l'araignée givrée
11 février 2024

Chinatown Kobe

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Il faudra que je comprenne un jour pourquoi j'aime tant les ports. Je n'ai pas grandi au bord de la mer, mais dans un arrière-pays au pied du Jura, où l'on ne vit jamais la moindre mouette s'aventurer. Les neiges y étaient plus fréquentes qu'aujourd'hui, raison pour laquelle la Zyntarie est un pays de neige, mais c'est aussi un archipel, ce qui dit bien cet attrait d'enfant pour la mer. Aujourd'hui jai décidé de vivre à Toulon, dans un grand port qui a longtemps rêvé d'Orient, d'où l'on peut toujours s'embarquer vers de vraies îles, des archipels très réels. De Kobe, je ne savais rien, je revois juste les images du séisme à la télé, un jour de janvier 1995, premières images réelles d'un pays qui se résumait jusque-là aux Tortues Ninja et à DragonballZ, je revois les fameux viaducs qui survolaient le port sciés en deux, les routes renversées à la verticale, les grues effondrées, les docks crevassés. Des crevasses ont été conservées, sous les lampadaires demâtés, au mémorial du parc Meriken, pour rappeler ce jour où la terre a tremblé, emportant 6437 personnes dans le gouffre ou dans les flammes. Aujourd'hui le danger persiste mais il fait bon vivre à Kobe. Après un petit détour par Chinatown (Nankinmachi) où l'on fêtait le nouvel an chinois sous le signe du dragon avec danse du lion, danse des fleurs et stands de canard laqué, je suis allé flâner sur les quais. Comme le nouvel an chinois coïncidait avec l'anniversaire du Japon (2684 bougies dont quelques-unes sont un peu légendaires), nous étions nombreux à flâner en ce jour férié. Une femme en robe rose improvisait une chorégraphie face à son smartphone planté sur un trépied, une jeune fille cuvait sa cuite de la veille couchée sur le trottoir, des fillettes coursaient les pigeons avant de s'endormir dans les trains bondés, on sentait légèrement craquer la croûte de l'hiver, alors je me suis assis par terre contre un bollard d'amarrage et j'ai tourné le dos à cette ville de bric et de broc qui s'étire d'est en ouest, coincée comme la Côte d'Azur entre mer et montagne. Les grues levaient leur bras vers le ciel, la soleil et la mer apaisaient les nerfs, les trompes des bateaux dissipaient les brumes de l'exil.

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