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l'araignée givrée
4 février 2024

Setsubun, l'éveil du printemps

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Trop occupé ces jours-ci à guetter les premiers signes de l'éveil du printemps pour prendre le temps de noter mes impressions du Japon. Après les portes ouvertes à la Villa jeudi, tout est allé trop vite. Poussé vendredi par le vent du nord, j'ai roulé dans la plaine du Yamato, sous les nuages et les échangeurs d'autoroute, en direction d'Asuka. Mais comme j'étais parti un peu tard - la soirée fut arrosée au shochu - j'ai dû m'arrêter au Yakushi-ji, au sud de Nara, où les pruniers étaient en fleurs sous une vénérable pagode blanche dont les 6 toits contemplent la plaine depuis 1300 ans. Retour en train pour un dîner sur les bords du canal chez Eda, à Guilo-Guilo avec Michaël Ferrier et Sylvain Cardonnel. Au menu, dont mes papilles se souviennent encore, les merveilles succèdent aux merveilles. Les petits plats s'enchaînent trop vite pour que je retienne tout ce que mon palais découvre. Le printemps s'éveille là aussi, sous la langue, un printemps fait de yuzu et d'edamame, d'œufs de caille confits et d'alevins de congre, de sériole toastée au chalumeau et de sauce de sésame noir, de tempura de laitance de morue, croquante sous la dent puis fondante en bouche, de foie de lotte et de shiitake, de câpres et de pousses de bambou, de concombre de mer, de laitance de fugu (le poisson-globe dont le poison peut vous tuer en moins de 4h) marinée et fermentée dans du son de riz. Des fleurs de saison, des rameaux de prunier, des zestes d'agrumes inconnus, des herbes dont je n'ai pas retenu le nom accompagnent ces saveurs iodées, acidulées, pour vous surprendre à chaque bouchée et je me sens un peu idiot de restituer tout ça dans un drôle de bazar quand la cuisine japonaise est si ordonnée, si compartimentée, archipel chamarré de sensations. "Le mélange se fera dans ta bouche", dit le chef à une touriste italienne qui se demande dans quel ordre attaquer les aliments. Le repas se termine par des fraises, des mochis caramélisés et un mini tiramisu au matcha. Place à la deuxième partie de soirée sous le signe de Princesse Mononoke, dans l'univers kitsch de Takashi Murakami, mais c'est chez Kaï, comme d'habitude, que tout se finit, entre les photos cornées et les verres de saké.

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