10 vues du Mont Fuji : j'en rêvais depuis ma lecture des "12 Formules du Professeur Sato" : voir le Mont Fuji depuis le Shinkansen et cela vaut bien un billet pour le Japon, surtout en novembre quand la neige lui taille ce beau bonnet bien blanc. J'avais peur qu'il ait disparu, j'avais peur de passer 4 mois sans le voir, tant il aime attirer les nuages, et là au matin du treizième jour de mon voyage, il a surgi soudain, tranquille et majestueux dans le hublot de ce train qui ressemble plus à un Concorde qu'à un tgv alors que nous quittions la gare de Shuzuoka. Ce qui est dingue c'est cette présence massive, éruptive, qui domine, fascine et sublime tout, quel que soit le paysage qui lui passe sous le nez, cheminée d'usine, raffinerie, pagode, rizière, barre d'immeuble, forêt, centre commercial ou panneau publicitaire, il est là, rien ne lui résiste, toute laideur s'abolit soudain, et le ciel très bleu, très pur, semble avoir été conçu pour servir sa magnificence. La montagne, toujours, magique au Japon, il en est comme la forme la plus épurée, la plus héraldique. Le Fuji c'est ça, le blason d'un pays, son plus beau monument. On comprend alors que ce pays est vraiment enchanté et qu'on a une chance folle d'y vivre ne serait-ce qu'un hiver.