Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
l'araignée givrée
1 juillet 2015

Jérusalem, dernière marge : l'impression de trouver (enfin ?!) une famille

jerusalem terrrestre catalogue 1

Après dix années éditoriales bien remplies, les éditions Inculte renaissent sous une nouvelle forme à la rentrée 2015. Ce collectif d’écrivains, traducteurs, philosophes et éditeurs a animé la revue Inculte de 2004 à 2009, avant de se lancer dans l’édition de grands formats inédits (roman français et étranger, essai, monographie, document). 

C'est un ancien libraire, Jérôme Dayre, (Atout Livre), co-fondateur du réseau Librest, qui a manifesté (je cite ici le site internet http://www.inculte.fr/ "sa volonté de perpétuer l’esprit du collectif inculte au sein d’une nouvelle structure"). 

En hommage - du moins, c'est ainsi qu'on l'imagine - à Antoine Volodine et à son Lisbonne, dernière marge, le futur catalogue du fameux collectif ira explorer de nouveaux confins littéraires sous la houlette de Mathieu Larnaudie (membre du collectif) et avec l'appui du groupe Actes Sud (qui assure également la diffusion du nouveau catalogue).  

C'est ainsi que, retour de Jérusalem, votre serviteur a fait la rencontre d'un écrivain et éditeur assez fou (Alexandre Civico dont j'ai aimé le poignant La terre sous les ongles, Rivages, 2014, et ses phrases d'une belle pugnacité, qui est d'ailleurs, à mon humble avis, un des plus beaux titres de la collection dirigée par Émilie Colombani) pour faire le pari de publier ce livre qui n'est pas un roman, ni un essai, ni bien sûr un récit de voyage, ni tout à fait un journal de bord.

jerusalem terrrestre catalogue 2

Le livre sortira le 7 octobre, en même temps que Dans les ruines de la carte (aux éditions du Vampire actif). Comme indiqué ci-dessus, il contiendra 192 pages et coûtera 16,90€. 

J'aurai l'honneur et le plaisir de côtoyer, dans le catalogue, ces auteurs qui auront été pour moi la littérature française contemporaine à l'époque où débarquant à Paris (septembre 2006), étudiant encore le russe et la géographie, j'écrivais en aveugle, dans une petite piaule du Marais qui ressemblait à la cabine de sous-marin du capitaine Nemo, des pages et des pages qui seront refusées par tous les éditeurs et donneront plus tard mes trois premiers romans.

C'est donc l'impression de trouver (enfin ?!) une famille littéraire que j'éprouve aujourd'hui. Je veux parler d'Arno Bertina (à l'instant je me revois lisant les premières pages du Dehors en gravissant les marches d'une ruelle, comme hypnotisé par ce début fracassant et je dois bien avouer que la lecture, entre autres, de Ma solitude s'appelle Brando aura déclenché l'écriture de mon Kaddish). Je veux parler de Mathieu Larnaudie, de Claro, de Mathias Énard (le choc de la Perfection du tir, lu à l'époque où, quittant le Marais j'avais pris un peu de hauteur dans une piaule de Montmartre de laquelle j'aurais pu réaliser l'acte surréaliste le plus simple  !). Je veux parler de Maylis de Kerangal (la bombe de Corniche Kennedy, un des rares livres achetés sans rien savoir de l'auteur, sans avoir lu la moindre critique, simplement parce qu'un paysage se dressait dès la première page et qu'un style m'envoûtait déjà). Je veux parler bien sûr d'Oliver Rohe (son Défaut d'origine m'aura longtemps habité au point de resurgir, je pense, dans certaines phrases d'Halte à Yalta) - lequel Oliver Rohe, d'ailleurs, signera avec Jérôme Ferrari, en octobre aussi, chez le même éditeur, un livre à quatre mains, sur la représentation de la guerre, que j'ai hâte d'avoir entre les miennes, de mains : A fendre le coeur le plus dur. Je veux parler enfin d'André Markowicz, qui m'aura fait lire pour de bon Tchekhov et ce Dostoïevski que, malgré tous mes efforts dans une langue que je tentais alors d'apprivoiser, à l'INALCO, me restait défendu. Et puis comment oublier le soir où il lut à la librairie du Globe sa traduction d'Eugène Onéguine, ce long poème de Pouchkine dont j'avais déniché une vieille édition soviétique qui partait en lambeaux à mesure que j'y puisais des lambeaux de phrases, sur des couchettes de train, à travers l'Ukraine. Même Jean-Louis Backès, le précédent traducteur du poème en français, était venu ce jour-là, qui reconnaissait le talent de Markowicz. Lequel Markowicz publiera deux livres, toujours sous la même couverture, à la rentrée : Partages, son journal de traduction, et Ombres de Chine, une expérience poétique unique en son genre qu'on attend avec impatience !  

 

Commentaires
l'araignée givrée
Archives
Visiteurs
Depuis la création 142 777