Sur la route du Danube en images
Comme plusieurs d'entre vous m'ont demandé des images de Sur la route du Danube, comme j'avais livré volontairement un récit sans images, comme je n'ai pas vraiment eu le temps de revenir ici pour faire le tri dans mes souvenirs, je profite d'un dimanche après-midi de la fin août pour vous donner un petit aperçu de cette virée danubienne :
"En haut des escaliers d'Odessa (...) Vlad, qui a la passion du cinéma, me lance un défi : et si nous commencions notre périple ici, en dévalant sur nos deux roues les deux cents marches des fameux escaliers, comme le landau du Cuirassé Potemkine ?", p. 22
"nous traversons la lagune de Solone sur une chaussée de terre submersible et complètement ravinée par les crues printanières. Encore un de ces limans de la mer Noire, ici débouché de la rivière Alkaliya. On croirait la mer d’Aral. Le paysage est aride, les arbrisseaux rabougris, les chardons cramés, l’herbe calcinée", p. 46
"Viktor est un pêcheur lipovène. Il ne porte pas la barbe de patriarche des Vieux-Croyants, car il n’a pas atteint soixante ans, mais il a gardé de ses ancêtres russes le poil blond et dru, l’oeil d’un bleu farouche et l’indépendance d’esprit ; la peau de son visage est tannée par le soleil, son front strié de rides profondes, ses ongles noirs ; la clope au bec, il manie le gouvernail de la main droite en nous racontant l’histoire du delta", p. 48
"une babouchka revenant de son potager insulaire dans sa lotca", p. 61
"Baba Ira est veuve depuis trois ans, sa pension lui suffit à peine pour vivre, elle n’a connu que la dèche, ses rides sont des crevasses, à soixante-cinq ans elle en paraît quatre-vingt-quinze, son visage ravagé est à l’image des routes de son pays", p. 67
"un garçon d'un blond d'ange, aux jambes agiles et aux bras cuivrés, enfourche une antique bicyclette hollandaise trois fois trop grande pour lui", p. 69
"Izmaïl, Izmaïl, je sais maintenant pourquoi ce nom me fait tant rêver", p. 70
"nous contournons le vieux phare rouillé, retiré du service depuis 1992 mais servant toujours à mesurer la longueur du Danube", p. 104
"Gavril, le pêcheur lipovène, avec qui nous baragouinons en russe, vient tous les jours au Jean-Bart", p. 114
"le capitaine Stefan est revenu au Jean-Bart pour commander une nouvelle pinte", p. 115
"Nos compteurs indiquent bientôt cent kilomètres, le soleil décline dans le ciel et il est temps de chercher un endroit pour pioncer", p. 133
"Les mont Macin, vus d'ici, ressemblent à un ancien volcan éteint, on dirait un Vasuve miniature, et le lac Trajan pourrait être un autre Nemi", p. 133
"Sauf que là, il y a Raïssa (...) Raïssa pourrait surgir d’une icône byzantine, ses cheveux blancs gardent un peu du blond de sa jeunesse et tracent autour de son visage de vieille beauté éternelle une auréole délimitée par le lourd châle de laine noire", p. 141
"les seuls êtres humains que nous croisons sont des Tziganes lancés au trot sur leur charrette", p. 140
"aujourd’hui, la beauté des enfants bulgares est une des dernières résurgences de ce métissage", p. 209
"bientôt le sang du ciel se répand partout", p. 202
"Bogdan est le jardinier des ruines", p. 198
"Il a sympathisé avec une autre bande de Tziganes qui font de grands ploufs dans le fleuve en se grimpant les uns sur les autres", p. 199-200
"la route est toujours le même balcon déglingué qui nous rappelle que la ligne droite et la surface lisse n’existent pas dans les Balkans", p. 205
Les vestiges de la synagogue de Vidin sont une merveille baroque, un entrelacs chaotique de briques et de verdure où l’art et la nature semblent avoir rivalisé d’audace", p. 222
"C’est à Vidin, pourtant, que le segment bulgare du Danube est le plus beau, le plus bleu, le plus large", p. 217
"Stevan alias Tchitcha s’est autoproclamé roi de la riblja čorba, la soupe de poisson", p. 240
"Zeka, un trompettiste tzigane, chemise bleue et cravate noire, venu avec sa troupe depuis Vranje, à la frontière de la Macédoine et du Kosovo, joue un petit air de jazz manouche en mon honneur", p. 242
"on se croirait en baie d’Along, les proportions ne sont plus européennes mais asiatiques, ici le Danube déverse à travers une faille étroite plus de cinq mille mètres cubes de flotte à la seconde", p. 256
"les Portes de Fer se situent sur la grande route des Balkans, de Salonique à Budapest", p. 255
Là-bas, sur la rive roumaine, le Danube est bordé de hautes falaises baignant d’une manière bizarre dans le lac de retenue, comme si l’eau venait de monter dans la nuit", p. 253
"c’est ici que le Danube tranche définitivement le fer à cheval des Carpates", p. 252
"le fleuve est d'un gris d'acier dense et profond", p. 243
"la citadelle médiévale de Golubac, le verrou des Portes de Fer", p. 257
"Nous garons les vélos contre un rocher capitonné de mousse et de lichen et reprenons notre souffle", p. 252
"le Danube est la dernière mer, une mer intérieure ou frontalière", p. 260
"Il faut choisir. Rive nord ou rive sud. Serbie centrale ou Voïvodine mitteleuropéenne", p. 261
"avec la guerre et l’embargo, les femmes serbes ont appris à se passer des hommes", p. 266
"j’avais l’impression que Dragan se dédoublait, que mon corps se dédoublait, que le Danube aussi se dédoublait", p. 270
"Vu du ciel, le Danube à Novi Sad est un dragon bleu qui se cabre en cognant pour la première fois contre la porte des Balkans", p. 364
"Nous laissons derrière nous le most Slobode, le pont de la Liberté", p. 371
"Nous laissons derrière nous les amis, la vie placide comme un long fleuve tranquille, et nous avons déjà le blues de la Voïvodine", p. 371
"La rive gauche regagnée, c’est reparti plein nord dans le coucher de soleil qui fait flamber le fleuve telle une immense lampée de cognac, sous les festonnements muets des trembles et des nuages", p. 402
"C’est déjà l’automne à Budapest", p. 411
"Vue du ciel, Budapest est en forme de papillon, nous dit Julia, un grand papillon gris – son corps serait la chenille bleue du fleuve, sa tête l’île Marguerite et ses ailes l’extension des banlieues vers les quatre coins du pays", p. 412
"Là, nous éprouvons enfin le sentiment de l’espace aéré et nous regardons le Danube, au loin, surgir des Carpates et couler vers le sud, soudain très bleu sous le ciel de septembre épuré par une dernière averse", p. 418
"En traversant le fleuve sur le pont des Chaînes pour regagner Pest, nous regardons le ballet incessant des bagnoles, des cyclistes et des piétons dans le crépuscule indigo", p. 418
"Budapest est la seule vraie métropole danubienne, et la Hongrie le seul pays qui appartienne entièrement au bassin-versant du Danube", p. 412
"le Danube aux mille avatars qui scintillait sous nos yeux nous menait très loin vers l’est, en Turquie, en Perse, en Inde, au pays des fleuves divins", p. 414
"Dans le coude de Szentendre, où les bouées sont numérotées, le fleuve vert turquoise est un gigantesque billard dont le drap se serait élimé sous l’éclat du soleil", p. 420
"Le Danube est très bleu, très large, ici – près de 500 m.tres –, le vent du sud effleure sa surface et soulève de belles vagues, c’est déjà un bras de mer que domine, perchée sur sa colline, l’ancienne forteresse du bon roi Carobert", p. 424-425
"sur le bief d’aval, où l’eau jaillit des turbines et nous gifle le visage avec la vigueur d’un torrent alpin", p. 443
"Le bleu pâle du clocher de Dürnstein (...) permet, par comparaison, de constater que le Danube, lui, n’est plus tout à fait bleu, comme nous l’avons cru ce matin", p. 479
"L’espace d’un instant, dans la lumière zénithale (...) le Danube, entre ses berges de galets en forme de demi-lune paraît du plus beau bleu, comme dans le poème d’Isidor Beck : un bleu de manganèse qui rivalise avec le ciel", p. 482
"la silhouette en as de pique de l’église de Metzling se dresse à contre-jour au-dessus des maisons basses comme une carte à jouer, un signe énigmatique qu’il nous faudrait peut-être déchiffrer pour savoir ce que la nuit nous réserve", p. 484
"Ici, le Danube trace la limite administrative entre la Basse-Autriche, sur la rive sud, et la Haute-Autriche, sur la rive nord", p. 488
"La traversée se fait sur une Zille, une élégante embarcation traditionnelle à fond plat, variante locale des toues cabanées ligériennes", p. 496-497
"Quelques kilomètres plus loin vers l’aval se situe l’abbaye bénédictine de Weltenbourg, une des plus vieilles de Bavière", p. 516
"Nous roulons nez dans le guidon, grisés par la lumière automnale, dans ce Wurtemberg de pastorale, sur les rives hirsutes d’un fleuve sauvage aux eaux limpides", p. 546
"il faudrait parler désormais du Danube au féminin, la Donau souabe est très belle, très claire, avec des reflets blonds et des chevelures d’algues qui s’affolent dans le courant", p. 546
"pour l’instant le vieux monde est encore sans couleurs, nous roulons très vite pour nous réchauffer dans la pellicule d’un film en noir et blanc, le soleil n’est qu’un halo blafard qui s’élève lentement dans le brouillard et se reflète à peine dans la surface argentique du ruisseau", p. 564
"un grand cygne déploie sa voilure de plumes, navigue vers l’aval et se dédouble telle une carte de tarot sous les doigts d’un magicien", p. 565
"À l’extrémité orientale du parc des princes de Fürstenberg, voici enfin le confluent de la Breg, de la Brigach et de la Stille Musel, les trois torrents donnant naissance au grand fleuve européen, les trois mamelles de la Danubie", p. 567
"De tous les animaux de la Danubie, c’est le plus fidèle, nous l’aurons vu dans tous les pays, perché sur toutes les berges, toujours aussi solitaire, si bien que ce livre pourrait s’intituler Le Vol du héron, car au fond, c’est peut-être lui, l’âme damnée ou le génie du Danube", p. 565
"La source artificielle est une résurgence karstique de la Brigach qui fut canalisée en 1876 et se déverse dans la rivière en passant sous le petit temple", p. 569
"Voici la vasque et le bénitier des passionnés d’histoire et de civilisation germaniques venus recevoir l’extrême-onction danubienne", p. 569
"Ici se situe la source principale du Danube, la Breg, à l’altitude de 1 078 m, à 2 888 km de l’embouchure du Danube et à 100 m de la ligne de partage des eaux entre la mer Noire et la mer du Nord", p. 573
"Le maigre filet d’eau jaillit sous une borne rudimentaire. Son premier berceau est un éboulis de grosses pierres rondes", p. 574