Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
l'araignée givrée
27 février 2024

De Miyajima à Dejima

C'était assez magique de découvrir au petit matin Miyajima avant que les touristes ne se réveillent. Le sanctuaire d'Itsukujima venait d'ouvrir, la marée basse laissait voir les algues et les coquillages, les prêtres se recueillaient en frappant dans leurs mains et pour un peu on aurait pu se croire revenu à l'époque du Heike monogatori. Le hall du trésor était vide, le musée folklorique aussi, on pouvait admirer toutes les représentations du paysage le plus célèbre du Japon à travers les âges et même s'agenouiller sous le kotatsu, face au jardin japonais pour apprendre la technique des origamis. Et puis le soleil s'est levé, l'air s'est réchauffé, le vent du nord a dissipé les nuées, et avec la marée haute ont débarqué des flots de touristes, venus caresser les daims domestiqués comme des chèvres et prendre la même photo devant le même torii. Alors j'ai retraversé le sanctuaire transformé en petite Venise par les vagues de la mer et les perches à selfies, j'ai grimpé sur mon vélo et cherché une échappatoire. Mais on ne peut pas faire le tour de Miyajima en vélo de course, la route ne mène pas très loin, l'île sacrée est trop escarpée, le bitume et le béton ont renoncé à circonscrire la côte est qui est restée un peu sauvage, où les daims sont encore un peu farouches. Alors j'ai pris le bateau, retour à Honshu, Shinkansen pour Kyushu. En arrivant sur la grande île du sud, je me demandais ce qui changerait et ce fut d'abord le bleu du ciel très dense passé les brumes de la côte septentrionale puis le vert printanier des rizières qui sont ici déjà en herbe. Dès l'arrivée à Nagasaki j'ai senti à son atmosphère que cette ville me plairait. Le port s'ouvrait sous les montagnes dans une lumière d'ambre, les ferries allaient et venaient, l'ancienne île de Dejima, rattrapée par la polderisation retrouve peu à peu sa configuration du 19e s, chaque ancien entrepôt est un musée où l'art japonais de la mise en scène vous ferait presque entendre les cris des marchands hollandais, et pendant quelques instants j'ai pu imaginer le Japon d'Edo, le Japon d'Ino, avant d'aller dîner à Chinatown, où l'on sert de bonnes nouilles au porc et aux fruits de mer (champon).

Commentaires
l'araignée givrée
Archives
Visiteurs
Depuis la création 139 744