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l'araignée givrée
15 janvier 2024

Kyudo : la voie de l'arc

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Jamais je n'avais vu autant de couleurs. Puisque j'étais privé de mon entraînement dominical - la sorcière aux cadenas ayant lâchement crevé les pneus de mon vélo malgré l'intervention de la police -, je suis allé faire un tour au concours de tir à l'arc de Sanjusangendo, le temple aux 33 travées et aux 1001 statues de Kannon dorés, après avoir déposé la bécane enfin libérée chez un réparateur et rattrapé mon sommeil sur les rives blondes de la Kamogawa, parmi les hérons et les aigrettes, soleil sur les pommettes et neige sur les sommets. Étant tombé à l'heure des jeunes filles, j'ai eu plutôt l'impression d'assister au concours du plus beau kimono, la plupart des flèches atterissant dans les tapis quoique certaines de ces Diane chasseresses parvenaient à atteindre la cible et même parfois en plein dans le mille. Je ne sais rien du kyudo, la voie de l'arc japonais, discipline représentée cette année à la Villa Kujoyama par Tsuriahaka, sinon que ce n'est pas la cible qui compte mais le satori, l'oubli de soi. Je sais aussi que ce serait un art martial plus ancien que l'épée, les samouraïs étant à l'origine armés d'arcs plutôt que de sabres. Je n'ai pas encore lu "Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" d'Eugen Herrigel, qu'un ami m'a pourtant envoyé. Comme souvent au Japon, le zen de la cérémonie était un peu perturbé par l'ambiance de kermesse, la musique incessante et les cris des bénévoles en cirés jaunes qui faisaient circuler la foule à grands coups de kudasaï, et pourtant je suis repassé 4 fois, comme médusé par les chatoyances des kimonos, le sifflement des flèches au-dessus de nos têtes, la détente des grands arcs en bambou de 2m de long, les bras dénudés des senseï, le rituel des gestes et la mystique des sensations, repensant aux leçons de calligraphie de la veille et sentant bien qu'il y a un point commun entre cette manière de décocher des flèches (chaque archer n'en a que 2 dans son carquois) et de tracer des kanjis, tant ce qui compte ici n'est jamais le résultat, car le plus important c'est le souffle et le plus dur de trouver le bon rythme. Au bout de deux mois, je commence seulement à le trouver le rythme.
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