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l'araignée givrée
12 janvier 2024

Dernières nouvelles du moine-cycliste-pas-encore-tout-à-fait-zen

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Après la relâche des fêtes de fin d'année, j'ai repris mes pérégrinations de moine-cycliste-pas-encore-tout-à-fait-zen. Il y a du boulot avant de m'attaquer au kaihoghyo, l'ascèse ambulante des moines kyotoïtes tendance tendaï, qui consiste à marcher pendant 1000 jours d'affilée, tout en continuant à lire, écrire, méditer, sous un chapeau en forme de lotus. Mais aujourd'hui, après une nuit passée à écrire, j'ai fait pour la énième fois le tour du mont Hiei, le sommet sacré du bouddhisme nippon, en passant par Otsu et le lac Biwa, dont la lumière veloutée m'enchante toujours - souvenir du Danube ou d'un lac zyntarien ? - au point que je me demande à chaque fois pourquoi les empereurs ont quitté les rives de leur première capitale pour aller se coincer dans des cuvettes montagneuses, au bord de torrents sans profondeur, comme à Nara ou Kyoto - avant d'opter finalement pour Tokyo, où l'hiver est tout de même plus clément. La silhouette esquissée tant de fois par Hiroshige du Bunagadake, le sommet enneigé des monts Hira, se dressait en ligne de mire, au bout de la route, et je ne cessais de le photographier, avec ou sans pylône, sans doute parce qu'en janvier j'ai toujours la nostalgie de la neige du pays d'enfance, au point que j'étais à deux doigts, dans les virages, de me pencher sur le bas-côté pour ramasser des pelletées de ces vestiges de congères qui n'avaient pas encore fondu depuis la semaine dernière. Je m'étais promis cette fois-ci de m'arrêter à Ohara, bourgade de montagne au nom irlandais, mais authentiquement japonaise, pour y visiter enfin le fameux Sanzen-in, le temple fondé en 752 par Saicho sur son ermitage, dont les abbés devaient être de sang impérial. On y accède en franchissant des murailles bordées de mousse. Depuis le bâtiment réservé aux visiteurs (kyakuden), on peut déguster un matcha aux feuilles d'or en contemplant les mousses du splendide jardin Shusheki-en, puis on se dirige vers le bâtiment qui conserve les trois statues dorées classées trésor national avant de longer la mare et les tapis de mousse d'un beau vert matcha où les ombres se prolongent indéfiniment dans le soleil d'hiver. Il faut être attentif pour apercevoir les petites têtes de pierre mangées par le lichen : contours archaïques, paupières mi-closes, sourires apaisants, ce sont les "jizo" sculptés par Takashi Sugimura. 

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