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l'araignée givrée
11 avril 2016

Procès du vingtième siècle

proces

Demain sortira aux éditions Inculte un ouvrage collectif, En procès, dont l'ambition est de raconter une histoire à la fois globale et minuscule du XXe siècle à travers vingt procès - plus ou moins fameux, plus ou moins médiatisés - qui l'ont balisé. En couverture, l'homme qui assassina l'archiduc François-Ferdinand et dont on aime bien nous raconter qu'il déclencha la première guerre mondiale* (et enfanta par conséquent le siècle brute) vous regarde, depuis sa cellule autrichienne, avec son air de gamin buté qui sait qu'il a fait une connerie plus grosse que le monde et qui ne le regrette pas - on dirait même qu'il sourit un peu. Sous la plume de Mathias Enard vous en saurez davantage sur les derniers jours du grand héros des Serbes (si si, Gavrilo Princip a sa statue en bronze de 2m de haut ici à Belgrade et pas mal de noms de rue à sa mémoire, vous me direz, il fallait bien rebaptiser, dans les années 90 les rues portant le nom de villes perdues, genre Dubrovnik ou Ljubljana) que les Autrichiens feront crever comme un chien à Theresienstadt - aujourd'hui appelée Terezin, en République tchèque*. 

Dans ce numéro, vous trouverez, donc, des textes de : Arno Bertina, Mathieu Larnaudie, Mathias Enard, Thomas Clerc, Christophe Manon, Stéphane Legrand, Christophe Fiat, Julie Bonnie, Albanc Lefranc, Pierre Ducrozet, Marie Cosnay, Julia Deck, Frank Smith, Maylis de Kerangal, Emmanuel Adely, Claro, Hélène Gaudy, Sylvain Prudhomme.

Et vous en saurez davantage sur : les derniers jours de G. Princip ou des époux Ceaucescu, ce que les dadaïstes pensaient de Maurice Barrès, les purges staliniennes, les soupçons qui pesaient sur W. Reich dans l'Amérique maccarthyste, le martyr d'une institutrice résistante, l'ignominie de Charles Manson, la lutte pour le droit à l'avortement, la fraction armée rouge, l'affaire du pull-over rouge, les guerres fratricides du nationalisme corse, le génocide des Tutsis, les crimes croates pendant la guerre en Bosnie, etc. 

Je vous laisse aller sur le blog de Claro pour savoir quel est le sujet - étonnant comme toujours - de sa contribution : http://towardgrace.blogspot.rs/

Pour ma part, j'ai décidé de traiter du procès (impossible) de Marwan Barghouti en Israël. Certes, le procès s'est déroulé de septembre 2002 à juin 2004 mais il s'agissait du procès de la Deuxième Intifada, qui, elle, appartient pleinement, tant par la date de son déclenchement (en septembre 2000) que par l'étendue de ses causes (si l'on remonte à 1967 ou même à 1948), au vingtième siècle.

Extrait :

 

"L’homme qui comparaît ce jour-là devant la justice israélienne n’est pas un inconnu ; treize ans après, il fait figure de véritable icône. L’homme est emmuré depuis treize ans, mais son portrait se retrouve aujourd’hui sur tous les murs de son pays – et plus particulièrement sur LE mur, celui qui, sous prétexte de séparer deux peuples et d’en protéger un autre, ne fait qu’annexer des terres, détruire des oliveraies, ronger les côtes d’un archipel écorché vif, entraver la paix. Sous forme de fresque ou de graffiti, réalisé à la peinture, à la bombe, au pochoir, c’est à quelques détails près la même icône d’une victime de l’arbitraire et d’un homme révolté : les poignets menottés, les mains souvent brandies au-dessus de la tête ou serrées pour signifier son espérance et sa ténacité, parfois deux doigts levés vers le ciel en signe de victoire, le front proéminent, le crâne dégarni, les sourcils froncés, le regard rebelle et insoumis ; sa barbe de dix jours est celle d’un chef de guerre. Des slogans dans toutes les langues – arabe, hébreu, anglais, français – accompagnent en surimpression cette icône : « FREE MARWAN », « FOR THE PEACE », « WANT SECURITY, END OCCUPATION », « PALESTINIAN'S MANDELA »…"

 

* : vous savez bien que tout était prêt depuis longtemps, que les sabres n'attendaient que le coup de feu prétexte pour sortir tous chauds de leurs fourreaux, je ne saurais trop vous conseiller à ce propos, de lire A fendre le coeur le plus dur, d'Oliver Rohe & Jérôme Ferrari*** (Inculte, octobre 2015), vous en saurez davantage sur le terrible enchaînement des faits qui vont de la guerre de Libye (1911) à la première guerre mondiale en passant par les guerres balkaniques (1912-13). C'est un livre essentiel sur la question de l'écriture de la guerre et du rapport éthique à l'image de guerre. Et il était important de nous rappeler que ces conflits jugés périphériques, souvent oubliés, sont à l'origine de guerres mondiales. Pour vous donner un exemple parlant je crois, j'avais moi-même oublié ce conflit alors que je l'ai étudié, pas à fond certes, mais étudié quand même pour l'agrégation, la question, comme on dit, étant alors celle - vaste ! - des "sociétés, la guerre et la paix de 1905 à 1945". Et je crois que sans cela je n'en aurais jamais entendu parler. 

** l'occasion pour moi de vous dire que la ville est magnifiquement arpentée par Hélène Gaudy dans son récit Une île, une forteresse (tiens tiens, toujours chez Inculte, janvier 2016) - d'ailleurs Hélène Gaudy signe dans ce numéro un très beau texte sur le procès Berthier, Rivas & Gomez (Argentine, avril 2008).

*** lequel signe dans ce numéro un très beau texte sur le procès de la prison d'Ajaccio (juillet 1985). 

 

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