Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
l'araignée givrée
27 décembre 2023

Kyoto rive gauche

20231227_095724

Il y a à Kyoto comme à Paris, une rive gauche et une rive droite. La Kamogawa ne coule pas comme la Seine d'est en ouest mais du nord au sud et elle sépare 2 villes aux fonctions bien distinctes. Rive droite - comme à Paris la plus peuplée - on trouvera la tête et le ventre de Kyoto : palais impérial, château shogunal, marché de Teramachi, marché de Nishiki, restos et bars de Pontocho, gare principale, tout ce qui faisait une capitale et qui est encore aujourd'hui vrombissant, trépidant, fatiguant, parfois exaspérant. Mais comme souvent le cœur de Kyoto se trouve à l'est, sur la rive gauche, au pied de la Higashiyama (mot à mot "la montagne orientale") où se concentrent les plus beaux temples, les plus beaux pavillons, les plus belles villas : Nanzen-ji, Pavillon d'argent, Shugaku-in. Passer une journée à flâner à vélo sur le chemin de la philosophie, entre la villa impériale Shugaku-in et le Nanzen-ji , c'est suspendre le temps à son guidon. Vous croiserez peu de bus ou de bagnoles, vous pourrez vous garer n'importe où, manger le meilleur udon de la ville, boire un thé dans un décor vintage, vous recueillir sur la tombe de Tanizaki qui aimait tant cette partie de la ville. Mais s'il est un quartier de Kyoto où vous pouvez être sûr de vous promener en paix, c'est celui de Shinnyo-do et de Yoshida : là, sur une butte où les vents d'hiver n'ont pas encore soufflé toutes les feuilles d'érables, entre l'université et la montagne, loin de la foule de Gion ou de Nishiki, on peut se retrouver seul dans un temple avec quelques japonais venus se recueillir pour de vrai. Les éclaircies rythment la journée, les nuages passent, quelques gouttes tombent du ciel, la mousse est couleur de matcha, les pagodes de pierre se dressent un peu partout, les racines jaillissent de terre et glissent sous vos pieds comme des couleuvres, on ne sait plus quelle heure il est ni quel jour de la semaine, on pourrait bien être un empereur retiré dans sa villa loin du bruit du monde, qui ne vit plus que pour le plaisir de contempler la ronde des nuages, les bleus des montagnes et le reflet des arbres dans un étang.

Commentaires
l'araignée givrée
Archives
Visiteurs
Depuis la création 139 643