16 janvier 2014

le produit et le métier des autres

Je ne comprends pas l’étonnement ou l’indignation de certains lorsqu’ils découvrent que Collodi, Balzac et Dostoïevski écrivaient pour gagner de l’argent, pour payer leurs dettes de jeu ou pour renflouer des entreprises commerciales déficitaires. Comme toute autre activité utile, écrire mérite salaire. Mais écrire à seule fin de lucre me semble dangereux, car cela mène presque toujours à une manière facile, trop soumise au goût du grand public et à la mode du moment », Primo Levi, Le métier des autres, trad. Martine... [Lire la suite]
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12 janvier 2014

mirage atlantique

   Mais nous avons appris, loin de Paris, qu'une lumière est dans notre dos, qu'il nous faut nous retourner en rejetant nos liens pour la regarder bien en face et que notre tâche avant de mourir est de chercher, à travers les mots, à la nommer Albert Camus    D’El-Jadida nous n’aurons d’abord eu que la soif et l’illusion ; c’est en marchant sur la plage, dans la rumeur de l’océan, que nous avons vu se débrumer son mirage au-dessus des dunes de sable ; une ville avançait, reculait, se dressait... [Lire la suite]
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11 janvier 2014

non, on ne va pas se marrer - réponse à Pierre Jourde

Il faut partir, Elias, fuir cette parodie. Trouver une autre voie : ni la nostalgie, ni le rire. Car nous ne sommes pas des sages nous cherchons, au-delà du rire, de l'oubli et de la trahison, un sens. Camille de Toledo, Oublier trahir puis disparaître, 2014.     pour lire l'article de Pierre Jourde : http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/01/08/protegeons-nos-antisemites-518657.html   Bonjour Pierre Jourde,   bravo pour votre chronique qui démontre encore une fois votre talent... [Lire la suite]
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05 janvier 2014

captifs d'Azemmour

 Nathanaël, que toute émotion sache te devenir une ivresse. Si ce que tu manges ne te grise pas, c'est que tu n'avais pas assez faim. André Gide     Le chemin aura été long jusqu’à la lumière. Entre ses bosquets d’eucalyptus et ses murets de cactus, la halte d’Azemmour est une gare abandonnée en plein no man’s land où les ânes et les moutons à tête noire brouteraient le ballast si l’herbe venait à manquer. Vue de la voie ferrée, Azemmour – prononcez Azmour avec ce z qui zèbre l’un des plus beaux mots de la... [Lire la suite]
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04 janvier 2014

casa mosaïque

  Et je me plongeais dans l’inextricable réseau des rues étroites et poudreuses, à travers la foule en haillons, l’encombrement des chiens, des chameaux et des ânes, aux approches du soir dont l’ombre descend vite, grâce à la poussière qui ternit le ciel et à la hauteur des maisons. Qu’espérer de ce labyrinthe confus, grand peut-être comme Paris ou Rome, de ces palais et de ces mosquées que l’on compte par milliers ? Nerval   Ingrid Bergman et Humphrey Bogart ne seront pas là, sur le tarmac de l’aéroport, pour... [Lire la suite]
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03 janvier 2014

mâchoire de l'Europe

Finalement, la marche - ou la marge frontalière - est l'endroit où la totalité d'une personne humaine, en accord et en contradiction avec elle-même s'exprime le plus amplement. Jean Genet     Vu du ciel, le détroit terminus de l’Europe est une mâchoire – le rocher de Gibraltar un croc qui s’enfonce dans la pulpe indigo de la mer ; lui fait face, autre croc, autre rocher, Ceuta l’espagnole que nous avons gardée pour mieux verrouiller nos rêves de glace et serrer les dents sur nos remords pas un nuage dans le ciel,... [Lire la suite]
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22 octobre 2013

largo portugal 3 - aveiro atlantico

  C’est la voix de la terre aspirant à la mer Pessoa   Ici toutes les îles sont éphémères et vu depuis la dernière dune le paysage est un archipel de quelques heures qui s’efface avec le flux, que redessine le jusant. Hier soir à marée basse, la lagune se rendait à la terre en se vidant de ses eaux comme une immense baignoire d’argile, avec des touffes d’herbes qui apparaissaient par endroits, des traces de pas, des empreintes les hommes marchaient au milieu de la vase, chaussés de grandes bottes de caoutchouc qui... [Lire la suite]
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07 septembre 2013

largo portugal 2 - douro indigo

  C’était dans la vieille maison tranquille au bord du fleuve… Pessoa (trad. D. Touati)   Selon le mot fameux de Miguel Torga « l’universel, c’est le local moins les murs », Eh bien le voici le bled universel : car ici, justement, où les villages se font rares, les seuls murs sont des murets – petits murets de pierre sèche érigés non tant pour marquer ou délimiter le territoire que pour le consolider, le soutenir, éviter que tout ne s’effrite, que l’érosion ne défigure le paysage, que la pluie... [Lire la suite]
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06 septembre 2013

à l'origine du livre, une image : le tondo dit des deux frères, conservé au musée du Caire

    Sur un panneau circulaire sont représentés côte à côte deux jeunes hommes flanqués des effigies en camaïeu de divinités gréco-égyptiennes. Ces deux frères ne se ressemblent guère. Celui de gauche a le teint pâle et le visage assez rond, avec quelque chose de féminin dans les traits, le regard d'une grande douceur ; ses cheveux frisotent légèrement, ses yeux sont d'un brun clair ; pour faire vite, il a l'air européen. Celui de droite a les cheveux crépus, le teint mat, les yeux noirs ; les lèvres sont épaisses, les... [Lire la suite]
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31 août 2013

largo portugal 1 - porto tango

  Ah, qui sait, qui sait Si je ne suis point déjà parti, autrefois, avant moi-même, D’un quai ; si je n’ai point déjà quitté, navire au soleil Oblique de l’aurore, Une autre espèce de port ? Pessoa (trad. D. Touati)   Première impression, dans le tramway flambant neuf qui nous ramène de l’aéroport et se traîne lentement vers l’est, en direction du stade de foot : celle d’un finisterre oublié, où les cochons broutent des pneus de bagnole, où les poules picorent des pots d’échappements rouillés Puis,... [Lire la suite]
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