à l'heure de la rentrée littéraire, quand on a le choix entre tant de pavés sur les étals de nos libraires, afin de passer l'hiver bien au chaud dans notre petit enfer du Nord, on ne saurait trop conseiller de voyager léger, 

voici donc un petit livre qui se glisse dans la poche arrière d'un maillot cycliste taille S et qui ne s'imprègne même pas de la sueur - j'en ai fait l'expérience, croyez-moi, ce n'était pas sur Paris-Roubaix mais sur Paris-Herblay, l'aller dans un transilien de la ligne H car j'emmenais mon vélo à réparer, à Herblay, justement, et le retour par la butte de Cormeilles et le moulin de Sannois, jolie pente à 15%, avec redescente dans la fournaise d'Argenteuil et sous ce ciel infernal de Bezons, que Céline nous défiait de chanter,

voici donc un petit livre qui se lit in extenso - annexes comprises, dont la jolie préface d'Olivier Favier - le temps d'un Paris-Herblay, vous y apprendrez d'ailleurs qu'en 1925 un fou furieux nommé Luigi Vittorio Bertarelli pédalait sur la mer Baltique gelée

en ces derniers jours d'été, lâchez un peu vos écrans et vos claviers, mettez le nez dans le guidon, traversez le périph obligé de la rentrée, engagez-vous dans les lisières des petites collections et laissez-vous tenter par la prose amusante de Edmondo de Amicis,

"ne résistez pas, car il vous en coûterait de trop longs et trop pénibles combats. Sautez en selle l'esprit résolu : vous connaîtrez les difficultés de l'apprentissage, vous ramasserez des bûches et ferez rire le commun des mortels ; mais vous échapperez à dix ans de tentations et de regrets qui, tous ensemble, vous feraient plus de mal que quelques côtes cassées et seraient bien plus humiliants que la risée publique. Suivez le conseil de cet inconscient : 'les mains sur le guidon et l'âme au vent' (A. Oriani), ou vous finirez par vous en mordre les doigts et par donner votre âme au diable", E. de Amicis.